Nous sommes heureux de vous présenter ce numéro qui rassemble à la fois l’expertise d’enseignants-chercheurs confirmés avec celle de jeunes docteurs qui ont obtenu un prix ANDESE pour la qualité de leur thèse.

La revue VSE ambitionne de participer au rayonnement scientifique de la recherche académique principalement en langue française, en France comme dans le monde. Il nous semble important de contribuer à la valorisation de cette dynamique de production de connaissances dont la portée contribue non seulement à renforcer nos modèles conceptuels théoriques, mais également à proposer des pistes de réflexion et des approches innovantes et créatrices de valeur pour les professionnels. Nous sommes particulièrement mobilisés pour faire reconnaître la qualité de notre revue à la fois auprès de grandes organisations référentes en sciences de gestion, comme la FNEGE, mais également en mettant en place des partenariats pour rendre visibles et accessibles les articles publiés par VSE.

Nous sommes pleinement investis dans le processus d’identification et de sélection des articles retenus dans notre revue afin de garantir à la fois la richesse dans les différentes thématiques et méthodologies déployées par nos auteurs partenaires, mais également la diversité des contextes organisationnels analysés. Finalement, nous sommes conscients des enjeux de diffusion de la connaissance scientifique sur la scène nationale et internationale et nous sommes fiers du taux de facteur d’impact de notre revue qui révèle tout l’intérêt et l’originalité des articles publiés dans VSE.

Ce numéro 214-215 se scinde en deux grandes parties. La première concerne les articles publiés par des enseignants-chercheurs confirmés et la deuxième se consacre à la valorisation des articles produits par de jeunes docteurs dont leur thèse a été récompensée par le prix de thèse de l’ANDESE. Les sept premiers articles ont été rédigés par des enseignants-chercheurs expérimentés qui abordent des problématiques de comportement organisationnel et de performance globale.

Le premier article, rédigé par Cécile Lemay et Yves Hallée, intitulé « La GRH a-t-elle une responsabilité sociétale ? Une analyse de cas multiples à partir de l’institutionnalisme pragmatiste de J.R. Commons », développe une réflexion particulièrement intéressante sur les enjeux du développement durable et responsable par une bonne maîtrise des pratiques de gestion des ressources humaines. La responsabilité sociétale des entreprises doit s’appuyer sur la GRH, sujet et acteur du développement durable, puisque la qualité de ses pratiques influence positivement la performance interne mais également l’ancrage territorial plus « responsables » pouvant avoir des impacts au-delà de l’organisation. En considérant la GRH autant comme un sujet et un acteur du DD, nous pouvons alors l’envisager comme véritable force de changement.

Le deuxième article, écrit par Marin de La Rochefoucauld, s’intitule « L’impact de l’IA sur le processus de recrutement : une étude de cas exploratoire ». L’article montre que l’utilisation de l’IA dans le processus de recrutement augmente sa qualité et sa pertinence. Le témoignage d’experts du domaine, des consultants spécialisés dans le recrutement, l’article présente l’intérêt de montrer que l’IA révolutionne les pratiques, ce qui questionne la compétence de l’humain à maîtriser l’IA. De plus, l’IA confère un véritable levier de performance pour les recruteurs qui la maîtrisent.

Le troisième article, écrit par Asma Daboussi et Samia Karoui Zouaoui, s’intitule « Climat de justice et comportements innovants : un modèle de médiation multi-niveaux ». Cette recherche montre que le climat de justice interpersonnelle du groupe (défini comme les perceptions communes d’un traitement interpersonnel équitable entre les collègues) génère des comportements individuels innovants. Les collaborateurs libèrent des ressources lorsqu’ils accomplissent leurs activités et adoptent des comportements innovants.

Le quatrième article, écrit par Sabrina Ghallal, Jimmy Feige et Jean-Claude Lopez s’intitule « Proposition d’un modèle de gestion publique entrepreneuriale du maire ». L’article montre que la mission première d’un maire consiste à bien gérer sa commune en maîtrisant les contraintes budgétaires afin de garantir un service de qualité aux habitants. La triptyque organisation-management-entrepreneuriat retenu comme cadre d’analyse montre que le maire gère son organisation publique de manière performante afin de répondre à des enjeux de Responsabilité Sociale des Organisations (RSO). Ces auteurs proposent alors un modèle de gestion publique entrepreneuriale du maire.

Le cinquième article, écrit par Ben Boubakary et Robert Sangue-Fotso, s’intitule « Profil psychologique du dirigeant et défaillance des PME au Cameroun ». Cet article dépasse les approches classiques d’analyse des process décisionnel en PME défaillants qui s’appuient généralement sur des outils financiers. L’enquête qualitative auprès de 15 dirigeants montre que le manque de motivation, la perte de confiance en soi, l’insatisfaction à la suite de la non-réalisation de leurs objectifs constituent des déterminants importants.

Le sixième article, écrit par Ivan Tchotourian et Audrey Houle, s’intitule « Das v.George Weston Ltd. La fausse consécration de l’irresponsabilité sociale des entreprises au Canada ». Cet article présente l’originalité de s’appuyer sur l’étude d’une affaire canadienne pour questionner la portée juridique des codes de conduite des grandes entreprises vis-à-vis de leurs salariés. Les approches par la RSE sur le plan juridique affrontent un paradoxe entre la mise en place du droit contraignant (hard law) ou une approche d’accompagnement qui ne s’appuie pas sur une force normative contraignante.

Le septième article, écrit par Raphaël de Vittoris et Sophie Cros, s’intitule « Crisis management learning : when the sequence of pedagogic levers counts more than the levers themselves ». Cet article montre que l’apprentissage organisationnel expérimenté en présentiel comme en distanciel est efficace dans l’enchainement des actions successives plutôt que la maîtrise de leviers spécifiques. L’acquisition de nouvelles compétences, utiles pour prendre des décisions opérationnelles en période de crise, dépend de la possibilité pour les apprenants professionnels à se confronter de manière empirique et répétée à des situations concrètes d’apprentissage.

La deuxième partie de ce VSE se consacre à la valorisation des articles produits par de jeunes docteurs dont leur thèse a été récompensée par le prix de thèse de l’ANDESE.

Tout d’abord, l’article écrit par Thi Thu Huyen Tran, s’intitule « Quand l’égalité n’est pas optimale : le cas de la répartition des espaces verts urbains ». Cet article montre les résultats d’une étude menée sur l’allocation des espaces verts urbains à partir de l’analyse du niveau global de l’offre d’espaces verts ainsi que de leurs tailles et distances entre les différents quartiers. Ces travaux conduisent à repenser les distances et les tailles de ces espaces verts dans les milieux urbains, notamment dans les villes monocentriques.

Ensuite, l’article écrit par Caroline Demeyère s’intitule « Construire la collaboration gouvernements-associations pour atteindre les objectifs de développement durable : enjeux, pratiques et défis pour le management public ». Cet article engage une réflexion autour de l’importance de l’inclusion des associations dans l’action publique, notamment pour répondre aux objectifs de développement durable. Dans la pratique, on constate un écart entre les discours de valorisation des associations dans l’action publique et les difficultés rencontrées pour générer cette collaboration.

L’article écrit par Joël Ntsondé s’intitule « Economie circulaire, innovation et territoires : vers un modèle d’ingénierie politique pour accompagner la transition écologique des territoires ». L’économie circulaire représente un modèle attractif en permettant de réconcilier les processus de création de valeur économique avec les enjeux sociaux et environnementaux. Pour autant, un paradoxe est montré entre l’engouement des entreprises et acteurs publics et les difficultés d’application concrète. Cet article étudie les mécanismes cognitifs, organisationnels et inter-organisationnels qui permettent aux acteurs, publics ou privés, de s’approprier et de déployer de manière opérationnelle et optimale une économie circulaire, génératrice d’innovations.

L’article écrit par Morgane Cure s’intitule « discrimination intertemporelle par les prix : exemples dans l’industrie hôtelière parisienne ». Cet article ambitionne d’apporter des clés de compréhension sur les décisions que les professionnels effectuent dans une situation de variation de prix au cours du temps afin de maximiser le revenu tiré de chaque unité vendue. Ces situations professionnelles se rencontrent lorsque les dates d’achat et de consommation diffèrent dans le temps.

L’article écrit par Philippe Davadie « Cultiver son atypicité au risque de la déviance : Le cas des Directions sûreté d’entreprise » décrit l’émergence de la fonction sûreté et des Directeurs sûreté au sein des entreprises. Les missions de ces derniers sont en général atypiques par rapport au métier de l’entreprise. Ils dirigent une équipe le plus souvent de taille réduite, méconnaissant souvent les codes de l’entreprise à leur arrivée, étant eux-mêmes atypiques, ne traduisant pas leur pratique en processus, tous ces éléments peuvent mener à la déviance puis à l’illégitimité et, in fine, au rejet de la sûreté. Comment alors, éviter la normalisation de la déviance ? La résolution de ce nouveau dilemme du praticien de la sûreté, doit-il demeurer atypique ou s’efforcer de s’intégrer dans l’entreprise, conditionnera la bascule vers une normalisation de la déviance.

Nous terminons notre éditorial par la présentation de notre tribune qui contient un article innovant et original. Cet article, écrit par Stéphane Welferinger et Christophe Bisson, a pour titre « vaincre la surprise stratégique pour l’économie de la défense via le système stratégique de signaux précoces ». L’hétérogénéité des données ainsi que la complexité croissante des environnements conduisent les entreprises à repenser leur système de veille stratégique. Le Système Stratégique de Signaux Précoces, présenté comme une méthode d’Intelligence Economique et Stratégique, semble apporter des réponses intéressantes en termes de décision stratégique et de positionnement managérial.