Ce numéro 203 de Vie et Sciences de l’Entreprise (VSE) n’est pas anodin puisqu’il est le fruit d’un travail collectif au sein de l’ANDESE. Comme vous pouvez le constater, nous sommes les nouveaux rédacteurs de la revue. Cette transition se veut dynamique et efficace face aux enjeux d’un monde académique et professionnel en renouvellement. Mais cette mutation doit respecter le travail et l’implication des plus anciens qui ont permis de faire de VSE l’une des revues francophones les plus anciennes dans le domaine. Comment faire évoluer VSE pour qu’elle puisse être toujours au plus près des attentes des chercheurs et praticiens tout en respectant les critères académiques, gage de sérieux et de reconnaissance ? Comment associer pour fédérer autour de VSE dans un contexte de numérisation et de digitalisation des supports académiques ? Comment se renouveler autour des nombreux évènements nationaux et internationaux dans nos champs de recherche ? Autant de questions qu’il convient de poser tout en restant ancré sur l’histoire et les valeurs de VSE. Sans pour autant rester figés, nous souhaitons collaborer étroitement avec toutes les parties prenantes de VSE, qu’elles soient internes et externes.
Nous souhaitons nous impliquer davantage dans des collaborations plus régulièrement auprès des colloques scientifiques afin d’ouvrir des possibilités de coopérations comme la réalisation de numéros spéciaux. En effet, de nombreux événements scientifiques sont pertinents et de qualité, justifiant une plus grande valorisation scientifique. VSE peut être l’une de ces solutions. Nous souhaitons élargir l’implication du comité scientifique de VSE via la réalisation de dossiers thématiques que certains pourraient entreprendre. Un comité scientifique doit pouvoir s’exprimer, proposer mais aussi prendre part « en direct » à la ligne éditoriale de VSE. Parce que VSE a toujours bénéficié d’un comité scientifique de qualité, il est apparu normal de lui ouvrir des pistes de collaboration. Nous voulons aussi aider les plus jeunes en leur permettant de publier dans VSE pour qu’ils puissent comprendre et donc intégrer les « canons » indispensables à tous travaux de publication. Bien que ce travail puisse être long et fastidieux, nous nous efforcerons à expliquer, accompagner et faire progresser au mieux ces jeunes en devenir. Notre rôle de rédacteurs sera d’être bienveillant auprès d’eux.
VSE a toujours cherché à rapprocher les chercheurs des praticiens via des thématiques au coeur de l’actualité. Cette approche « plurielle » impose une ouverture d’esprit de notre part mais aussi des efforts particuliers afin de respecter les standards académiques des Sciences Humaines. Dans quelle discipline VSE s’inscrit-elle entre les sciences de gestion et les sciences économiques ? Quelle posture épistémologique et démarches méthodologiques convient-il d’affirmer ? Vers quel design de la recherche conviendrait-il de nous orienter ? Les investigations terrains doivent-elles plutôt être quantitatives que qualitatives ?... En tant que nouveaux rédacteurs de VSE, est-ce à nous de définir ce périmètre scientifique ? Ne faudrait-il pas laisser la gouvernance de l’ANDESE qui porte la revue depuis son origine le faire ? Ne nous faudrait-il pas plutôt nous positionner suivant les attentes de nos pairs dans les classements des revues de nos champs disciplinaires ? Difficile de répondre aux uns sans compromettre les autres… Ainsi, et en accord avec les parties prenantes de VSE, nous avons choisi de poursuivre le rôle premier de cette revue qui est de créer des passerelles entre la recherche et la pratique. Nous allons nous efforcer de poursuivre dans cette démarche et nous pourrons, régulièrement, vous faire part de nos avancés mais aussi de nos interrogations dans ces choix futurs.
Ce numéro 203 reflète la diversité des champs disciplinaires, des designs méthodologiques ainsi que de la diversité géographique des auteurs (les contributions sont issues d’auteurs européens, africains, d’Amérique Latine…). Jean-Jacques Pluchart a pu réaliser un article « Vers une nouvelle esthétique bancaire ». Il y décrit les transformations qu’ont pu aborder les banques de détail face à des mutations socio-économiques profondes (évolution des besoins, impact du numérique, renouvellement vers du digital…). Cet article a l’intérêt d’y déceler toute l’originalité dont fait preuve le secteur de la banque de détail et comment, dans sa globalité, on tend à répondre à des pratiques et des besoins en perpétuels renouvellements.
Cesaire Chiatchoua, Ana Lilia Valderrama Santibanez et Omar Neme Castillo ont pu réaliser un travail sur l’« Impact du rapatriement des bénéfices de l’investissement direct étranger (IDE) américain en Amérique Latine ». De nombreux travaux ont pu définir les avantages économiques et financiers pour un territoire vis-à-vis de son attractivité pour les IDE. Les auteurs vont plus loin dans la réflexion portant sur les IDE, puisqu’ils s’intéressent à l’impact pour les économies d’Amérique Latine du rapatriement de leurs bénéfices. Attirer les IDE est indispensable pour ces économies. Faire en sorte de garder les bénéfices obtenus par ces IDE afin qu’ils soient réinvestis dans ces mêmes économies est d’autant plus indispensable puisqu’ils permettent de renforcer le financement de la R&D, de la productivité, de l’économie nationale…
Robert Sangue Fotso et Laurent Ndjanyou ont pu réaliser un article sur « Institution, territoire et responsabilité sociétale des entreprises, le cas des entreprises de téléphonie mobile au Cameroun ». La thématique du Développement Durable (DD) est aujourd’hui indissociable des entreprises. Cellesci cherchent à appliquer une Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) pour répondre à leurs enjeux sociétaux internes et externes. Les auteurs ont ainsi cherché à définir le niveau d’engagement sociétal des entreprises de téléphonie mobile au Cameroun, pays en voie de développement où ce secteur d’activité y est prépondérant (poids économique, relation politique, infrastructures téléphoniques…). Ils ont pu y déceler des stratégies sociétales fortes de la part des acteurs de la téléphonie mobile qu’il est possible de différencier au regard des caractéristiques socio-économiques du territoire mais aussi de la filiation de certains opérateurs à la nationalité de leur maison mère.
Sourour Hazami-Ammar et Houda Sammoudi ont réalisé un article sur « Biais comportementaux des dirigeants et structure du capital des PME Tunisiennes ». Leurs recherches portent sur la détermination de biais comportementaux des dirigeants et la structure du capital des petites et moyennes entreprises tunisiennes cotées et non cotées. A travers la réalisation d’une étude empirique, auprès de 120 chefs d’entreprise, elles y mesurent les biais d’excès de confiance et d’optimisme, venant in fine impacter leurs ratios d’endettement par exemple.
Sameh Kobbi-Fakhfak a pu réaliser un travail sur « L’effet des caractéristiques du conseil d’administration et du comité d’audit sur la qualité de l’information sectorielle publiée ». Elle identifie l'effet des mécanismes internes dans la gouvernance d'entreprise dans la divulgation d'informations sectorielles. Plus spécifiquement, elle analyse l'effet de certaines caractéristiques du conseil d'administration (structure et indépendance) et du comité d'audit (taille, indépendance et nombre de rencontres annuelles) sur la qualité de l'information sectorielle publiée, à la suite de l'adoption de la norme IFRS 8. L’utilisation d’un panel de 171 entreprises cotées de l'Union Européenne vient démontrer que l'indépendance du conseil d'administration affecte la qualité de l'information sectorielle publiée.
Enfin, Pierre Battini réalise une tribune sur « Les grandes étapes du capital investissement ». Ce regard historique permet d’apporter des réponses quant aux champs des possibilités de ce mode de financement dans le développement voire le renouvellement d’une entreprise. De nombreux items sont importants pour une entreprise : position concurrentielle, productivité, originalité, communication, taille critique… Les modalités de financement et la capacité à les faire évoluer pour répondre à des besoins de développement, de restructuration, de fusion/cession voire d’acquisition… sont autant de justifications pour prendre en compte le Capital Investissement.
A la fin de ce numéro 203, vous pourrez aussi y trouver les notes de lecture de Daniel Bretonès et Jean-Jacques Pluchart. Les publications étant toujours aussi nombreuses, riches et pertinentes dans nos champs disciplinaires, nous remercions vivement Daniel et Jean-Jacques dans le travail qu’ils réalisent. Ils nous permettent de vous proposer, pour notre plus grand plaisir, les résumés des derniers ouvrages pour vous aider à faire votre choix dans vos prochaines lectures.
Chers lecteurs, merci pour l’intérêt que vous porterez à ce numéro 203.
Anne et Thibault