Vie et Sciences de l'Entreprise N° 206« La société ça n’existe pas » sont des mots prononcés par Margaret Thatcher en 1987. Ce message a été entendu Urbi et Orbi par les classes dominantes occidentales. Il met en péril le bien commun et plonge les pays occidentaux dans une société fracturée ou le lien entre le bas et le haut devient conflictuel. La crise de la représentation politique, l’éclatement des mouvements sociaux, la ghettoïsation des bourgeoisies et le communautarisme sont le signe de l’épuisement d’un modèle qui reflète une société en crise. La vague populiste qui traverse le monde occidental est une des composantes du pouvoir d’influence des classes populaires qui pousse les élites à rejoindre la société réelle ou à disparaître. Les propos de l’ancien ministre de l’Intérieur et de la réforme territoriale, Jean-Pierre Chevénement sont repris. Ils décrivent le paradigme républicain comme l’alliance entre la commune, le département et la Nation. Il précise que ce triptyque a été abandonné et remplacé par un nouveau paradigme qui relie de grandes intercommunalités rigides, de grandes régions artificielles et une Europe dont on ne connaît pas les frontières. Pour ce dernier on aboutit à un mouvement de dénationalisation avec l’abandon du bien commun.

Christophe Guilluy, géographe, est notamment l’auteur de deux essais très remarqués : La France périphérique et le Crépuscule de la France d’en-haut.