Cet ouvrage est le résultat d’un travail de recherche dans le cadre de l’université de Montréal sur le phénomène d’accaparement des terres agricoles et plus généralement de la financiarisation des transactions foncières. Le commerce massif des terres agricoles s’est amplifié à partir de 2008 suite aux mauvaises récoltes de 2007 et aux émeutes de la faim qui s’ensuivirent. L’auteur définit la notion d’accaparement : achat ou location de terres par un acteur étranger, dans le but d’assurer sa sécurité alimentaire ou énergétique (biocarburants) ou encore de profiter des bons rendements apportés par cet actif. Ce phénomène particulièrement important en Afrique est soit considéré comme une spoliation par certaines ONG soit comme une opportunité de développement de l’agriculture par des organismes internationaux comme la Banque Mondiale. L’étude porte principalement sur deux pays, le Kenya et l’Ethiopie, qui ont des droits fonciers différents et qui ont subi ou non une colonisation à partir des quelques bases de données disponibles et des contrats connus. La conclusion est que le cadre légal en Afrique, l’opacité des transactions et le clientélisme ne permettent pas de constater une situation de développement économique telle que préconisée par les organisations internationales. Certes, il s’agit ici d’une étude sur l’Afrique mais l’internationalisation et la financiarisation des acquisitions de terres agricoles commencent également à se répandre dans les pays développés : l’acquisition de 2 800 ha par un groupe chinois dans le centre de la France entre 2016 et 2017 via l’achat d’actions permettant de contourner les droits des Safer en est un exemple.
Charlotte Lallement est diplômée d’une maîtrise en sciences politiques de l’université de Montréal.