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Cet ouvrage collectif, dont la rédaction a été coordonnée par deux professeurs du CNAM, porte sur les pratiques de gestion transgressives, qui ne sont pas déclarées et sont généralement dissimulées par des pratiques légales, comme l’illustre le sous-titre du livre : formaliser l’informel ? Ces comportements opportunistes ne recouvrent pas que des activités mafieuses, des actes de corruption ou du « travail au noir », ils correspondent aussi à des agissements contraires aux règles, normes ou labels d’une profession, mais qui sont couverts par des discours citoyens. L’ouvrage s’inspire notamment des réflexions de Brunsson, qui s’est rendu célèbre en s’interrogeant sur la manière de concilier la pensée et l’action lorsque celles-ci se contredisent. Les auteurs décrivent les multiples formes de l’économie informelle, qui s’étend à tous les secteurs d’activité, notamment à ceux de la finance. Ils explorent les frontières entre le formel et l’informel. Ils montrent que le terrain sensible de l’informel est souvent un lieu de création, de négociation, de proximité… Ils observent que l’importance de l’économie informelle diffère selon les pays : de 15 à 20 % de l’ensemble de l’activité économique dans les pays développés, mais de 50 à 75 % dans les pays en développement. Parmi les nombreux exemples cités dans l’ouvrage, celui du licenciement transactionnel est particulièrement intéressant. Cette pratique répandue en France, est un arrangement illégal confidentiel entre la direction d’une entreprise et un salarié, par lequel ce dernier accepte d’être licencié « pour motif personnel » en échange d’une compensation financière. Par la diversité de leurs observations et des problématiques qu’elles soulèvent, les auteurs montrent que l’organisation des transgressions constitue un champ encore largement inexploré.