L’ouvrage d’A. Deneault (philosophe canadien) se présente à la fois comme une enquête journalistique approfondie sur les compagnies pétrolières, un réquisitoire sans concession contre le groupe Total et une réflexion philosophique sur « les multinationales et la perversion du droit ». Les chapitres du livre – aux titres explicites : « comploter, coloniser, collaborer, corrompre, conquérir, délocaliser, pressurer, polluer, vassaliser, nier, asservir, régir » - présentent les multiples affaires impliquant Elf et Total en « Franç’afrique », Algérie, Lybie, Afrique du sud, Irak, Nigéria, Birmanie, Argentine, Canada et France (Erika et AZF).
L’auteur rappelle, dans un style très polémique, les griefs, de nature sociale, sociétale et environnementale, formulés à l’encontre du groupe français, depuis près d’un siècle, par les divers courants altermondialistes : ONG, Think tanks, écologistes, syndicats… L’auteur se livre à une sévère critique des rôles exercés par les firmes multinationales- notamment énergétiques et industrielles – auprès des gouvernements et des administrations de leurs pays d’origine et d’accueil. Il dénonce les actions de management paradoxal, de verdissement et de lobbying, qui placent les multinationales au-dessus des lois. Il appelle les institutions internationales et les Etats-nations à plus d’encadrement juridique des pratiques et de régulation des marchés internationaux. Les réflexions philosophiques qui concluent l’ouvrage s’efforcent de définir le « totalitarisme » des multinationales, mais elles semblent ignorer les travaux de recherche menés à la suite de Galbraith sur la technostructure et le complexe militaro-industriel, ainsi que les multiples initiatives prises par les organisations internationales afin d’en limiter les effets.
Alain Deneault, Eds Rue de l’échiquier, 511 pages.
