Imprimer
Catégorie : Notes de lecture

L'auteure (chercheure au CNRS) se livre à une vaste enquête - couvrant les Etats-Unis, l'Europe et l'Amérique latine - sur les mutations des statuts et des rôles des économistes dans la société moderne, depuis le début des années 1970. Elle observe leur lente migration du politique vers l'économique, puis de l'économique vers le social, Elle constate qu'à la différence des autres scientifiques, ils agissent directement sur les décisions et les comportements des acteurs publics et privés. Ils occupent des positions clés dans les grandes organisations internationales et auprès des gouvernements et des directions des grandes entreprises industrielles et financières. Ils tiennent des discours et véhiculent des croyances qui relèvent à la fois de la science et de l'idéologie. Ils font preuve d'une pédagogie tantôt simpliste et pragmatique, tantôt abstraite et sophistiquée, qui leur permet de partiellement se soustraire à leurs responsabilités dans l'anticipation, le diagnostic et le traitement des crises économiques et financières affrontées par la société du XXIe siècle. Ils étendent leur influence en adoptant des postures de plus en plus variées : enseignants, chercheurs, consultants, experts, intellectuels… Ils se situent ainsi au carrefour du monde académique, des milieux d'affaires et de la représentation politique. Quels que soient leurs statuts et leurs discours, ils n'en restent pas moins sous l'emprise du paradigme néo-libéral dominant. Mais l'auteur perçoit un retour de la sensibilité des économistes aux questions sociales.