Le dernier livre de Jacques Mistral, qui s’affirme comme l’un des meilleurs économistes politiques contemporains, soulève une des questions les plus importantes auxquelles sont confrontés les gouvernants mondiaux depuis plus de deux siècles : comment organiser le système monétaire international ? Dans un prologue anticipant le monde de 2029, il prédit un retour de la crise de 1929 si un « nouveau Keynes » ne vient pas proposer de nouveaux mécanismes institutionnels et outils de coopération internationale qui créeraient la confiance et règleraient les conflits d’intérêts engendrés par la mondialisation de l’économie. Après avoir présenté la pax britannica, fondée sur la domination de la livre sterling et de l’étalon-or, il décrit la pax americana, marquée par la toute-puissance du dollar, par les accords de Bretton Woods, puis par les changes flottants. Il s’interroge sur les conditions d’un accès du yuan chinois (« une monnaie entre deux systèmes ») ou de l’euro (« une monnaie sans Etat ») au statut de monnaie de réserve internationale. Il analyse les dérèglements du système monétaire mondial, consécutifs à la crise des subprimes (2007), à celle des dettes souveraines (2011) et à la dévaluation compétitive du Japon (2012). Il reste sceptique sur l’efficacité des modes actuels de régulation, basés notamment sur le quantitative easing des banques centrales. Après avoir exploré les alternatives possibles, il préconise un système multidevises incorporant un DTS reflétant le monde multipolaire d’aujourd’hui. Il propose un ensemble précis et concret de dispositions destinées à opérer une refonte des principales institutions internationales et la « grande transformation » du système monétaire actuel.