Vie et Sciences de l'Entreprise 201La recherche en Sciences de Gestion s’appuie sur une ou plusieurs sciences et appréhende ainsi un savoir qui s’organise, s’institutionnalise et mobilise une méthodologie féconde et un langage spécifique. L’approche de la revue Vie & Sciences de l’Entreprise présente l’originalité d’intégrer des articles en Sciences de Gestion qui s’intéressent à des champs connexes. Cette audace permet à la revue de diffuser des connaissances qui nous l’espérons, encouragent l’interdisciplinarité. Les chemins secondaires, non balisés, ouvrent de nouvelles perspectives, élargissent nos horizons et nos possibilités, mais intimident aussi. Notre ligne éditoriale suit les préconisations de la FNEGE qui recommande aux Sciences de Gestion de s’appuyer « sur de nombreuses disciplines des sciences exactes et des sciences humaines » car « elles constituent un corps autonome de connaissances qui a pour objet d’éclairer l’action conduite de façon collective par des groupes humains organisés : entreprise, association, administration, etc. ».
La ligne éditoriale privilégie les approches « à coups de marteau », non pas celui de Thors mais bien celui de Nietzsche, afin de déconstruire nos croyances, les idées transmises à l’écrit pour découvrir d’autres facettes de l’iceberg de la ou plutôt des connaissances (si l’on reprend l’idée défendue par Derrida). Le numéro 201 de VSE donne le ton. La tribune libre est ainsi consacrée à la place de l’innovation en France. Cet article s’interroge sur les leviers capables de générer de l’innovation et de favoriser la naissance et le maintien d’avantages concurrentiels : que ce soit dans le monde industriel ou celui de la recherche. Il pointe les dysfonctionnements systémiques qui nuisent à l’innovation et handicapent voire démotivent nos forces vives : les hommes (au sens générique du terme) innovants. Sans compter qu’il n’existe pas suffisamment de passerelles entre la recherche, l’innovation et le monde industriel pour promouvoir la place de la France sur la scène internationale.
Ce numéro spécial, est structuré en deux grandes parties :
La première est consacrée à des travaux scientifiques portant sur l’identification des relations complexes entre les parties prenantes (au sens de Freeman) en passant par le rôle des banques centrales dans notre économie jusqu’aux conditions d’émergence de la performance globale et de la place de l’éthique dans les organisations. Les opérations d’OPA et d’OPE seront examinées afin de comprendre les conditions de mise en pratique.
La deuxième partie est consacrée aux thèses qui ont été récompensées par l’ANDESE, l’Association Nationale des Docteurs en Sciences Economiques et en Gestion.
Quatre articles constituent le premier volet du numéro VSE 201.
Le premier, intitulé « Banques centrales : l’impuissance de leur puissance ? », proposé par Denis Flouzat, professeur Emérite à l’Université Paris I Sorbonne, s’interroge sur le rôle réel des banques centrales, en tant qu’acteurs indépendants des Etats, dans la macro-économie. Il questionne les leviers jusque-là identifiés pour contrer la crise économique de 2007, marquée par les subprimes et suggère des pistes de réflexion autour d’une meilleure communication entre grandes instances internationales comme les grandes banques centrales, les grandes institutions de régulation comme le FMI, la BRI, etc.
Le deuxième article, intitulé « la transmission d’entreprise : un objet d’étude complexe, entre sciences de gestion, anthropologie et psychosociologie », écrit par Catherine Aubry, doctorante et Dominique Wolff, chercheur associé à l’ESC La Rochelle, amorce une réflexion autour des enjeux et de la complexité de la reprise d’entreprise. L’étude des relations complexes notamment entre les repreneurs et les cédants nécessite d’emprunter des concepts épistémologiques à différentes disciplines. L’enjeu est de taille car nous savons que la reprise d’entreprise est une étape cruciale qui détermine soit la réussite soit le déclin de cette dernière, avec toutes les conséquences économiques et sociales que cela comporte.
Le troisième article, intitulé « opportunités de croissance, création de valeur et prise de contrôle d’entreprises : un cas empirique français », proposé par Hicham Meghouar, enseignant-chercheur à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion, Université Hassan Premier, Maroc, analyse les conditions de prise de contrôle lors d’OPA ou d’OPE de grandes firmes françaises.
Le quatrième article, intitulé « éthique et performance : une relation incontournable pour un meilleur recrutement des forces de vente », est écrit par Didier Roche, professeur associé à l’école de commerce de La Rochelle. Grâce à l’utilisation d’une approche innovante, la méthode des scénarios, l’auteur montre que la performance, entendue au niveau d’une population de négociateurs immobiliers comme rassemblant à la fois les résultats, l’activité et la compétence, est négativement corrélée à la posture éthique de l’agent.

Quatre articles constituent le deuxième volet du numéro VSE 201 afin de proposer une synthèse à travers un article de recherche de leurs principaux travaux doctoraux récompensés par le prix de l’ANDESE.
Tout d’abord, Emmanuelle Nègre étudie grâce à une analyse quantitative de données qualitatives le contenu des communiqués de presse diffusés par des entreprises cibles et/ou acquéreuses sur une période couvrant l’annonce de l’opération à la publication des résultats définitifs de l’offre. Elle montre que le vocabulaire retenu est peu standardisé, personnalisé et que le contenu concerne davantage les conséquences des opérations. Il existe une spécificité dans ce type d’offre en fonction de son intention (amicale, hostile, obligatoire ou volontaire) et selon le porte-parole. Elle conclue également que lorsque les opérations sont hostiles alors le discours s’adresse aux actionnaires alors que les opérations amicales s’intéressent davantage aux clients.
Le deuxième article proposé par Delphine Gibassier développe une approche innovante en contrôle de gestion environnemental en France. En effet, elle montre que la comptabilité et la stratégie peuvent être co-produites afin de créer de nouveaux espaces de calcul pour répondre à une logique de quête de productivité. Elle insiste sur le potentiel de soutien de l’infrastructure pour favoriser les innovations. La performance sociale des entreprises dépend essentiellement des managers. De plus, l’auteur montre que les légitimités internes et externes sont deux facettes de la manifestation de la légitimité organisationnelle.
Le troisième article a été écrit par Anoh Kodjê Blaise Gnimassoun afin d’apporter un éclairage sur les déséquilibres globaux en étudiant l’influence des mésalignements de change. Ces derniers reposent essentiellement sur les régimes de change. Alors que les pays excédentaires recherchent de la flexibilité dans la fixation de leur taux de change, les pays déficitaires développent des mesures pour stimuler l’épargne nationale et devraient entreprendre des réformes structurelles.
Le dernier article est proposé par Emma Chérif et développe un cadre intégrateur pour comprendre la perception et l’utilisation des conseillers virtuels en ligne. Elle montre que ces derniers sont largement répandus dans la pratique. L’efficacité dépend de la qualité de l’interaction en ligne entre le client et le conseiller virtuel. Cette efficacité dépend des fonctionnalités et des caractéristiques associées à ce conseiller virtuel.